Une première semaine de grève haute en couleurs

Le mardi 21 février 2012 par Marie Christine Trottier

L’Université Laval part le bal

La grève générale illimitée a été déclenchée lundi par deux associations de l’Université Laval, le Mouvement des Étudiants en Service Social de l’Université Laval (MESSUL) et l’Association des Chercheuses et Chercheurs Étudiants en Sociologie (ACCES). Des milliers d’autres étudiantes et étudiants ont suivi mardi, autant sur le campus de l’Université du Québec à Montréal (UQAM) qu’à l’Université Laval. Le mouvement risque de prendre de l’ampleur et de s’étendre très rapidement. Déjà, de nombreuses associations qui avaient un mandat de grève ont décidé de le déclencher ce lundi, pour un total de près de 32 000 étudiants et étudiantes, dans 26 associations et plus de 7 campus différents. De nombreuses autres associations ont des mandats de consultation sur la grève et vont tenir leurs assemblées générales très prochainement alors que se préparent de nombreuses actions nationales et locales.

Le message lancé au gouvernement est clair : il doit reculer sur son projet de hausse des frais de scolarité, sinon la grève continuera et s’étendra. Même si la ministre de l’éducation, Line Beauchamp, semble campée sur sa position, on sent dans ses propos qu’elle commence à considérer la menace étudiante :

« J’invite les étudiants à réfléchir avant de voter la grève. La plus grande perturbation sera dans leur vie, ils vont devoir reprendre les cours manqués le soir ou la fin de semaine »

, a-t-elle indiqué comme seul commentaire. Une menace qui, semble-t-il, ne fait pas peur aux grévistes.

Une semaine mouvementée

Ces derniers ont d’ailleurs marqué la première semaine de grève avec de nombreuses actions partout au Québec, qui continueront cette semaine et dans les semaines à venir. Au niveau des actions locales, par exemple, de nombreuses bannières ont été déployées dans les universités ou accrochées à des viaducs ; un stade de football a été marqué de la mention « en grève » en lettres géantes ; des bureaux d’aide financière ont été remplis de ballons rouges, symbolisant la dette étudiante ; de petites manifestations près des universités ont été organisées, en appui à la grève.

De plus, un blocage massif du Centre de Commerce Mondial (à Montréal) a été organisé jeudi dernier par la Coalition Opposée à la Tarification des Services Publics (COTSP), un groupe qui rassemble plusieurs associations étudiantes et groupes sociaux. Plusieurs centaines de manifestantes et manifestants ont exprimé leur désaccord envers la hausse des frais de scolarité en empêchant les travailleurs et travailleuses de se rendre sur leur lieu de travail. Le Centre de Commerce étant relié grâce à des souterrains à de nombreux édifices voisins, ces derniers ont été bloqués. Le Service de Police de la Ville de Montréal (SPVM) est alors intervenu, alors que la manifestation et le blocage empêchait, notamment, de nombreux clients et clientes des hôtels d’entrer dans ces établissement. Peu de cas de brutalité policière ont été dénoncés, mais des vidéos montrent que les services de l’ordre ont utilisé du poivre de Cayenne et des gaz lacrymogènes, en plus de quelques arrestations de manifestants.

La semaine s’est d’ailleurs terminée de façon funeste, alors que l’administration du Cégep [1] du Vieux Montréal a indiqué jeudi, suite au vote de grève de l’association locale, que les portes seraient fermées et que les étudiantes et étudiants seraient en lock-out [2] jusqu’à nouvel ordre. De nombreux grévistes ont alors envahis le cégep pour l’occuper pacifiquement toute la nuit. Des barricades ont été érigées, et c’est tôt vendredi matin que le SPVM est entrée de force dans l’établissement pour évacuer l’occupation. De nombreux cas de brutalité policière ont été dénoncés et plus d’une trentaine d’arrestations et d’emprisonnements temporaires ont été effectués, dont plusieurs étudiantes et étudiants mineurs.

Enfin, ce lundi matin, un immense carré rouge a été érigé sur la croix du Mont Royal, un immense parc au centre de Montréal, comme clin d’œil à la grande grève étudiante de 2005. En effet, il y a presque 7 ans jour pour jour, un grand carré rouge, symbole de la lutte et de la solidarité étudiante, a été érigé sur la croix du sommet du Mont Royal. À l’époque, l’équipe d’entretien et de gestion du parc ont pris de nombreuses heures avant de pouvoir le descendre. Ce symbole montre que les étudiantes et étudiants sont plus que jamais déterminés à faire reculer le gouvernement.

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Auteur :

Marie Christine Trottier, étudiante au baccalauréat en histoire à l’Université Laval (Québec). Elle s’intéresse particulièrement aux mouvements sociaux et s’implique très activement au sein de diverses associations et organisations nationales étudiantes depuis 2007. Les médias écrits et la photographie sont au centre de ses intérêts.

Notes :

[1Cégep : Collège d’Études Générales Et Professionnelles, l’équivalent des deux dernières années du lycée français

[2Bloqués à l’extérieur de l’établissement


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