L’Amérique à la baguette
Deux jeunes chefs d’orchestres francophones prennent la direction de deux grands orchestres usaniens

Le lundi 5 juillet 2010 par Soleillion

Quels points commun entre le Symphonique de Seattle et l’Orchestre de Philadelphie ? Les deux jouent de la musique classique ... et vont être dirigés par des chefs d’orchestres francophones, le premier est Québécois, le second est Français et tous les deux font partis de l’écurie d’Askonas Holt, une grande agence londonienne de gestion de carrière artistique. Ils ont le même âge, la mi-trentaine, et ces deux chefs, deux poulains de James Irvine de l’Orchestre symphonique de Boston selon le New York Times sont annoncés comme les étoiles montantes de la nouvelle génération.

Côte Ouest

Le Français Ludovic Morlot [1] prendra la tête du Symphonique de Seattle dans l’année 2011, tout d’abord comme directeur musical désigné, puis comme directeur musical à part entière, un an plus tard, date à laquelle débutera un contrat de six ans avec l’orchestre. Il prend la succession de Gérard Schwarz, en place depuis 1985.

Ludovic Morlot hérite d’une situation un peu brouillée. En 25 ans, Gérard Schwarz a conduit l’orchestre de Seattle a haut niveau, mais ses dernières années ont été marqué par de nombreuses affaires entre lui et les musiciens. Si la situation est plus calme, semble-t-il aujourd’hui, Ludovic Morlot a devant lui un orchestre à rassembler. Son allure bonhomme, sa réputation d’homme de consensus et de modestie devrait lui être d’une grande utilité et lui permettre de répondre aux attentes des musiciens ... et des donateurs.

Comme l’explique le Seattle Times, les orchestres américains fonctionnent différemment de leurs homologues européens : ils reçoivent peu d’argent public. Leurs fonds viennent essentiellement de donateurs privés qu’il faut convaincre et choyer. L’une des réussites de son prédécesseur à été de multiplier par sept le nombre de donateurs en 25 ans et de faire construire une salle de concert. Ludovic Morlot en tant que directeur musical aura cette responsabilité importante et il lui faudra également replacer l’Orchestre symphonique de Seattle parmi les grands orchestres de la côte Ouest. Une place qu’il a perdu lors du temps des chamailleries juridiques. Ludovic Morlot va donc s’installer à Seattle pour assumer pleinement ce rôle charismatique et public du chef d’orchestre dans la communauté de la ville, tout en continuant une carrière internationale et de nombreuses collaborations de part le monde.

Côte Est

Yannick Nézet-Seguin succède - pleinement en 2012 seulement - à la tête de l’Orchestre de Philadelphie à un autre francophone, Charles Dutoit. [2]. Comme son confrère de Seattle, on peut lire dans la presse de Philadelphie à la fois la cérémonie d’introduction du chef d’orchestre auprès de tous les organismes qui compte dans la ville et son empressement, en retour, à montrer son engagement auprès de la communauté. "Je n’ai pas peur de dire ... qu’il est le meilleur orchestre que je connaisse" affirme-t-il. Car ce faire accepter sera un pari bien plus difficile que celui de faire prononcer correctement son nom par les Philadelphiens. L’Orchestre (et ses donateurs [3]) font avec "YNS" le pari de la jeunesse [4] et de la nouveauté pour relancer l’Orchestre. Les ventes de billets et les finances sont en baisse depuis quelques années. Les Philadelphiens attendent donc de lui qu’il redonne toute sa splendeur à la formation et à la ville par ricochet. Comme Seattle avec San Francisco ou Los Angeles, Philadelphie est largement concurrencée par New York, Boston ou Chicago mais elle compte sur son orchestre pour garder une stature internationale.

Le chef, lui, gardera cette stature puisqu’il continuera à être le directeur de l’Orchestre philharmonique de Rotterdam, principal chef invité de l’Orchestre philharmonique de Londres et directeur artistique et chef principal de l’Orchestre métropolitain de Montréal.

Néanmoins, ces deux chefs sont a un tournant de leur carrière. En devenant les patrons de grandes institutions, ils franchissent une étape et prennent le risque de rentrer vraiment dans la cour des grands.

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Auteur :

Renart Saint Vorles est un coureur des bois numériques nord-américains.

Notes :

[1bizarrement et contrairement à celle de son homologue canadien, la biographie de Ludovic Morlot rédigé par les soins d’Askonas Holt est uniquement en anglais, hormis le vers, un peu folklorique, de Baudelaire.

[2Originaire de Suisse, ce dernier a fait un bonne part de sa carrière en Amérique du Nord et notamment à l’Orchestre symphonique de Montréal

[3ses premiers concerts seront d’ailleurs des concerts de souscription

[4C’est un pari habituel, l’orchestre a une longue tradition de jeunes chefs d’orchestre


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