Bâtir écologique : la nouvelle norme québécoise ?

Le mercredi 1er mai 2013 par Hugues de Chassepierre

Comme aux États-Unis, bâtir écologique est à la mode dans le secteur de l’habitation au Québec. Depuis quelques années déjà, les maisons « écolos » estampillées des certifications LEED (Leadership in energy and environemental design - Innovation dans la conception énergétique et environnementale) - une certification très poussée délivrée par le Conseil du bâtiment durable du Canada - ou Novoclimat - la certification mis en place par le gouvernement du Québec pour améliorer l’efficacité énergétique des bâtiments neufs de 25% - sont de plus en plus présentent sur le marché immobilier québécois. L’intérêt des particuliers qui se lancent dans de tels projets est à la fois écologique et économique : les maisons écologiques sont généralement passives (ou sur la voie) et leur consommation d’énergie est très faible. Les coûts sont donc réduits à long terme. Plus globalement, le cadre de vie et l’environnement sanitaire (moins de produits chimiques en tout genre) sont améliorés ainsi que l’empreinte environnementale à la construction des bâtiments.

Les promoteurs ne sont pas en reste et comprennent de plus en plus les avantages qu’il y a à d’obtenir des certifications écologiques pour leurs immeubles. Aussi, le phénomène s’étend au segment des condos neufs à vendre et les constructions, plus respectueuses de l’environnement, se font de plus en plus nombreuses. Pour s’en faire une idée, le gouvernement du Québec publie régulièrement une liste, région par région, des logements privés et condos en construction, en attente de certification ou certifiés Novoclimat (voir ici pour la liste de janvier 2013)

Même si construire un condo LEED coûte un peu plus cher qu’une habitation classique et plus cher aussi qu’une habitation Novoclimat - il faudra ainsi débourser entre 5 et 15 % supplémentaires pour en faire l’acquisition - ce surplus financier n’est pas un frein. Selon Martin Desfossés, directeur des communications chez DuProprio (un service immobilier sans commission), 7 % des résidences mises en vente en 2012 étaient des habitations vertes ou certifiées Novoclimat. Selon lui, ses maisons ont été vendues « un peu plus rapidement et à un prix moyen de 305 000 dollars contre 272 000 dollars pour les habitations ordinaires ». Preuve que pour habiter dans un logement conçu de façon plus écologique, offrant une gestion efficace de l’eau et un meilleur rendement énergétique, les acheteurs sont prêts à mettre le prix.

Pour les promoteurs, les agents immobiliers et, surtout, les propriétaires, tout l’intérêt est donc là : la tendance des bâtiments écologiques est de se vendre plus cher et plus vite. Ecohabitation (lire ici) a recensé des études québécoises et américaines qui le démontrent. Celle de la Banque TD pour le Québec confirme que 58% des Québécois sont disposés à payer un supplément pour une maison écologique et 65 % d’entre eux affirment que les économies réalisées sur leurs factures d’énergie constituent leur principale motivation.

Ainsi, si on se fie à la quantité de projets neufs aspirant à la certification LEED actuellement en construction, la proportion d’immeubles « écolos » vendus au Québec devrait continuer d’augmenter. Pas moins de 2000 résidences attendent en ce moment d’obtenir le sceau d’approbation tant convoité. Juste dans la région de Montréal, les secteurs de Villeray (Le Liguori), Côte-des-Neiges (Luz Condo), Rosemont (Iberville 99) et l’île des Sœurs (Pointe Nord) verront bientôt éclore des dizaines d’unités de condos LEED. De son côté, le gouvernement du Québec a attribué le label Novoclimat a plus de 25.000 résidences.

Ceci dit, dans un contexte où le marché immobilier connait un important ralentissement, il faudra voir si ce type d’habitation saura tirer son épingle du jeu. Ce n’est pas impossible car les causes du ralentissement sont avant tout conjoncturelles ( : fin des crédits à 30 ans imposé par le ministre des finances canadien, Jim Flaherty et suroffre dans la région de Montréal notamment) tandis que l’augmentation des prix de l’énergie est bien structurelle. Or, la majorité des gens qui achètent des maisons ou des condos neufs ne sont pas des spéculateurs et tout leur intérêt est de gagner en confort et de faire des économies pendant 10, 20 ou 30 ans...

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Projet d’immeuble aux Bassins du Havre, Montréal.

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Auteur :

Hugues de Chassepierre s’intéresse à l’architecture et à l’urbanisme. Il a tout particulièrement un faible pour l’architecture nord-américaine. Un tipi au Montana, une maison dans les prairies ou un Monticello en Virginie, il ne sait pas encore où son rêve immobilier le conduira.

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